On imagine souvent que le marché de l’art se destine exclusivement à des collectionneurs privés. Or, les galeries entretiennent également des liens avec les institutions muséales. Ainsi, depuis qu’elle a ouvert ses portes au cœur de Saint-Germain-des-Près, la Galerie David Ghezelbash a eu le privilège de collaborer avec de grands musées français et internationaux.

Le Metropolitan Museum de New York

En 2017, alors que la galerie expose à l’édition du mois de mai du salon Tefaf New York, David Ghezelbash choisit de présenter pour la première fois un ensemble exceptionnel de neuf silex provenant de la collection de Henri Jouillé (1886-1968), docteur en droit, qui consacra une partie de sa vie à rassembler des pièces préhistoriques créant ainsi l’une des plus importantes collections de bifaces Acheuléens connus à ce jour. 

Destinés des tâches variées, les haches à mains paléolithiques sont les outils les plus anciens et les plus utilisés par diverses espèces d’hominidés et dont l’utilisation est documentée sur une période de plus de 1,7 million d’années. 

Ces neufs exemples, tous découverts dans l’Aisne, sont remarquables par leur variété et la grande qualité de leur fabrication. Ils sont une manifestation puissante d’un intérêt humain précoce et continu pour la perfection de la forme et de l’esthétique en général, comme le démontrent les efforts de leurs créateurs pour les doter de faces et d’arêtes symétriques, bien au-delà des exigences pratiques. Certains des plus grands bifaces de ce groupe sont si importants que leur fonction d’outils est peu probable. Bien que leurs fonctions spécifiques restent un sujet de spéculation, il est clair qu’elles ont dû être appréciées pour leur apparence plutôt que pour leur utilité.

C’est à l’occasion de ce salon que David Ghezelbash rencontre Pierre Terjanian, conservateur du Metropolitan Museum of Art de New York, qui se prend d’intérêt pour cette incroyable collection et qui, comprenant son intérêt tant archéologique qu’historique, décide de l’acquérir pour le musée.

Ensemble de neuf bifaces
Silex et quartzite
France, Aisne, période Acheuléenne (700 000- 200 000 avant J.-C.)
Provenance : Ancienne collection de Monsieur Henri Jouillé (1866-1968)

Environ un an plus tard, la Galerie David Ghezelbash est contactée par le Musée national d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye afin de travailler à l’acquisition d’une visière de casque en bronze romain ayant appartenue à la prestigieuse collection de l’écrivain Henry de Montherlant. Elle représente le visage d’un jeune homme entouré de mèches de cheveux bouclés. Les traits du visages remarquablement traités apportent une touche d’humanité, particulièrement le nez puissant et droit et les arcades sourcilières anguleuses surmontant des yeux en amande. Les casques à visage étaient portés par les cavaliers d’élite de l’armée romaine entre le début du Ier siècle et le milieu du IIe siècle de notre ère. Ils étaient des éléments de prestige et de puissances parfois disposés dans les tombes, aux côtés du défunt. Seulement une dizaine ont été répertoriés en France.

Notre visière a été trouvée en octobre 1908 près de Conflans-en-Jarnisy (en Meurthe-et-Moselle) lors de la construction d’un magasin. Très tôt, elle a suscité l’intérêt des archéologues et elle a été publiée par Paul Pedrizet, professeur d’archéologie classique à l’université de Nancy en 1911. Ses différents propriétaires ont été identifiés avec quasi-certitude. Dans un premier temps, elle a sans doute appartenu à un officier à la retraite de la région de Conflans avant d’entrée dans l’importante collection du Dr Émile Coliez (Longwy, Meurthe-et-Moselle), passionné notamment d’archéologie. Après la mort du Dr Coliez, la visière reste dans la famille qui tente plusieurs fois de la vendre à des musées sans succès. C’est Henry de Montherlant qui acquiert la pièce en décembre 1941 pour un montant de 50 000 francs. Passionné par le monde gréco-romain, l’écrivain a constitué une collection d’antiquités classiques. Lors d’une interview donnée en 1954, il dit admirer ce masque, particulièrement la vue de profil. En témoigne ces photographies…

La visière est restée dans la collection Montherlant jusqu’en novembre 2017 au moment où la maison de vente Artcurial est mandatée pour la dispersion de la collection de l’écrivain. La Galerie David Ghezelbash se porte acquéreur de la visière lors de cette vente et, rapidement, des échanges naissent entre le Musée d’archéologie nationale et David Ghezelbash afin d’œuvrer à l’acquisition de la visière. Après avoir été classée Trésor national, l’État l’acquiert pour les collections du musée où elle sera analysée, restaurée et présentée au public.

Masque militaire représentant le visage d’un homme. 
Art romain, Ier – IIe siècle après J.-C. 
Dimensions : 19 x 19,5 cm. 
Trouvé à Jarny, près de Conflans-en-Jarnisy (Meurthe-et-Moselle) en octobre 1908. Ancienne collection privée du Docteur E. Coliez, Longwy. Ancienne collection privée de F. Coliez, Bruxelles (par descendance). 
Provenance : Ancienne collection privée de M. Henry de Montherlant.

Le Museum of Fine Arts de Boston

La Galerie David Ghezelbash collabore également avec des musées internationaux. Ainsi, lors de la participation de la galerie à Tefaf Maastricht en 2019, David Ghezelbash rencontre les conservateurs du Museum of Fine Arts de Boston (MFA) qui remarquent un torse de pharaon égyptien en granit noir d’une grande finesse. Daté de la période ptolémaïque (circa 323-30 avant J.-C.), ce torse au modelé gracile est vêtu d’un pagne appelé chendjit et porte dans chaque main un rouleau de papyrus. Bien que la tête soit lacunaire, on peut toujours observer les deux pans du némès, la coiffe des pharaon, tombant sur les épaules. Des sculptures comparables étaient érigées notamment dans les temples où le pharaon y était vénéré comme un dieu.

Une fois que la galerie a fourni l’ensemble de la documentation de l’œuvre, le musée de Boston décide de réserver le torse lors du salon et débute la procédure d’acquisition. Comme pour les musées français, c’est une procédure qui dure plusieurs mois. Le torse a été envoyé aux États-Unis pour étude avant qu’un comité d’acquisition valide définitivement son intégration dans les collections du musée. 

Torse de pharaon dans l’attitude de la marche
Granit noir moucheté blanc.
Art égyptien, Époque ptolémaïque, circa 323 – 30 avant J.-C.
Hauteur : 60 cm.
Provenance : Ancienne collection privée française de M. François Lang

(1908 – 1944), provenant de l’abbaye de Royaumont.